Douce Vengeance

2021 – 2022

J’ai une vieille rancune contre Émile Zola. La misère et la minutie chirurgicale avec lesquelles il extirpe de son récit jusqu’à la dernière lueur d’espoir me démolit. J’ai lu Germinal au secondaire et j’ai été bouleversée par l’histoire d’une dureté sans concession. Je me suis tenue à l’écart de son travail jusqu’au début des années 90 où j’ai lu L’Assommoir qui m’a plongé dans la morosité. Un sentiment de désespoir et de désolation m’a collé à la peau pendant des jours après avoir terminé le livre.

Je n’ai jamais eu l’intention de retoucher à son œuvre jusqu’en février 2021 où, lors d’une rare sortie, je suis tombé sur un exemplaire délabré de Germinal dans la neige. Je l’ai ramassé, et au matin, je savais pourquoi : ça allait être ma douce revanche sur Zola.

Dans un geste ludique et ironique, j’ai décidé de nier le contenu original du chef-d’œuvre classique en remplissant l’espace entre chaque page du livre de teintes vibrantes pour leur insuffler de l’espoir et une joie de vivre virulente. Mon objectif était de changer l’expérience du livre par l’esthétique, en ajoutant des couleurs gaies et même des paillettes (placées au centre du livre) là où il n’y avait que tristesse et malheur. J’ai ensuite découpé des formes audacieuses à partir du matériau résultant puis les ai transformées en une série de grands bagues à la sensibilité camp.

Comme des arcs-en-ciel devenus talismans contre le Covid, la série Douce Vengeance expurge le blues de Zola. Ça va bien aller!

Montréal, 18 avril 2021.

Douce Vengeance, bague #1
Douce Vengeance, bague #2
Douce Vengeance, bague #3
Douce Vengeance, bague #4
Douce Vengeance, bague #5
Douce Vengeance, bague #6
Douce Vengeance, bague #7
Douce Vengeance, bague #8
Douce Vengeance, bague #9